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Steve Jobs n’est plus aux commandes d’Apple. Le groupe informatique américain l’a officialisé dans un communiqué publié mercredi 14 janvier. Le patron affirme prendre ses distances avec l’entreprise, jusqu’à la fin du mois de juin, pour se soigner.

La nouvelle est tombée sous la forme d’un courrier électronique adressé aux salariés d’Apple. Dans ce texte, M. Jobs regrette tout d’abord que « la curiosité suscitée par ma santé personnelle continue à créer une perturbation, non seulement pour moi et ma famille, mais aussi pour tout le monde au sein d’Apple ».

Il précise ensuite : « Durant la semaine passée, j’ai appris que mes problèmes de santé étaient plus complexes que je l’avais pensé à l’origine. » D’où la décision de prendre « un congé maladie jusqu’à fin juin ». Durant son absence, M. Jobs confie la gestion « au jour le jour » au directeur opérationnel, Tim Cook. Mais il se dit toujours impliqué en tant que directeur général dans les décisions stratégiques d’Apple.

Cette prise de distance officielle intervient après des mois de spéculation sur l’état de santé de M. Jobs. Son apparition, très amaigri, en juin 2008, lors du lancement de l’iPhone 3G, avait relancé les conjectures. Le patron d’Apple, âgé de 53 ans, avait été opéré avec succès en 2004 d’un cancer du pancréas. Le secret avait alors été gardé sur cette maladie jusqu’à ce que M. Jobs réapparaisse guéri.

En décembre 2008, les rumeurs se sont encore amplifiées lorsque la « firme à la pomme » annonçait que sa figure emblématique ne prononcerait pas son traditionnel discours lors du salon MacWorld, début janvier. Son absence lors de cette grand-messe annuelle, rendez-vous des aficionados de la marque à San Francisco, a été très commentée.

Apple a d’abord réagi en expliquant que ce salon n’était plus une priorité, ajoutant que ce serait d’ailleurs sa dernière participation à l’événement. Le groupe a ensuite tenté de minimiser la non-participation de M. Jobs en précisant qu’Apple n’avait pas cette année d’annonces de produits spectaculaires.

Finalement, le jour de l’ouverture du MacWorld, la société publiait un communiqué, sous la forme d’une lettre de M. Jobs adressée à la « communauté Apple ». Il évoquait alors un « déséquilibre hormonal », diagnostiqué par les médecins pour expliquer sa perte de poids et assurait que le remède à « ce problème nutritionnel est relativement simple ». Il se donnait jusqu’à mars pour se rétablir et disait vouloir conserver ses fonctions dans l’intervalle.

 TALENT MARKETING

 Cette communication après des semaines de spéculations avait eu pour effet immédiat l’appréciation du titre Apple en Bourse. L’annonce du retrait de M. Jobs a provoqué l’effet inverse, l’action perdant près de 11 % dans les dernières transactions après-Bourse mercredi.

L’opacité de la situation et le manque d’informations inquiètent les investisseurs. Plus que jamais, la question de l’avenir d’Apple se pose. Rarement les liens entre une entreprise et son patron n’ont atteint une telle intensité. Leurs destins sont intimement liés.

Cofondateur d’Apple en 1976, M. Jobs est revenu à sa tête en 1997. Il a su insuffler une nouvelle vie à cette entreprise dont il avait été évincé : il a redonné tout son lustre à la marque, en projetant notamment Apple sur de nouveaux marchés, comme la musique et la téléphonie mobile. Une fois encore, celui qui s’était donné comme mission de démocratiser la micro-informatique a su renouveler l’exercice sur les marchés de la musique et de la téléphonie mobile avec le succès de l’iPod et aujourd’hui de l’iPhone.

Bien sûr, l’entreprise compte de nombreux talents. M. Jobs s’est entouré de fortes personnalités. A l’instar de M. Cook, le directeur opérationnel qui reprend les rênes aujourd’hui, ou de Jonathan Ive, le designer en chef qui est entré chez Apple en 1992 et donne corps aux produits de la marque. Mais le gourou de l’entreprise, M. Jobs, qui combine vision technologique et talent marketing, est-il remplaçable ?

Laurence Girard

source Le Monde.fr